Prendre la BONNE décision

Quand savez-vous que vous avez pris la bonne décision en tant que parents? On agonise des jours et des nuits surtout (insomniaques du monde je vous salue) sur certaines décisions. Et si on se trompe? D'un coup, je le traumatise?

Jamais facile être parent. Ma mère me dit qu'elle s'en fait encore pour moi qui va avoir 40 ans cette année! Oh My God!

La vie de famille est une dictature bienveillante et il faut vivre avec ses responsabilités. OK. On assume. Et puis, petit monstre poilu vous raconte sa journée, avec son petit débit rapide, ses mots à moitié avalé et sa tronche toute excité. Il vous dit « aujourd'hui à l'école il fallait dire ce qu'on voulait faire dans la vie. j'ai dit en premier un professeur, en deuxième un policier et en troisième... je m'en souviens plus».

Pour comprendre pourquoi j'ai eu les larmes aux yeux, il faut que je vous dise qu'il n,a pas eu de chance dans son cheminement scolaire. Il a eu une éducatrice en fin de carrière qui n'avait plus le goût de sa job et encore moins de s'occuper d'un petit avec un retard de langage. Il a mal réagi et il s'est mis à avoir des comportements régressifs. plus il était régressif, plus elle nous mettait de la pression pour que cela cesse. L'année qu'elle m'a fait vivre.....

Ensuite, à la maternelle, il a deux professeurs qui se partageaient un poste car toutes les deux prenaient leur retraite. Vive la continuité! Assez gentilles toutes les deux, mais elles héritent d'une classe avec beaucoup d'enfants à problème dont certains plus graves que Maxime. Pas de progrès significatif pour Maxime.

Nous agonisons pendant des semaines et nous décidons de le faire recommencer sa maternelle. On change d'école par la même occasion, donc pas d'humiliation de voir ses amis continuer alors que lui recommence. Et c'est là le moment magique. Il rencontre son nouveau prof: Chantal Grenier. Une prof allumée, gentille, patiente sans lui permettre tout en classe. Il retrouve sa joie de vivre, participe en classe, améliore son langage, communique avec les autres et se fait un meilleur ami qui n'est pas imaginaire. Fini le chateau dans l'espace et ses deux dinosaures qui le protègent. Il est maintenant présent dans sa journée et surtout heureux.

La meilleur preuve que nous avons pris la bonne décision: il veut être professeur comme Chantal qui est son modèle. À tel point que je peux plus contredire Chantal qui a maintenant la science divine sur tous les sujets ou presque. Cela fait des moments comiques et des conversations surréalistes.

Maman pas trop réveillée: Est-ce que tu veux du jus ce matin?

Petit monstre: non Chantal dit que c'est du poison. Moi je veux pas mourir.

Un peu plus tard dans la journée...

Petit monstre: je suis prêt pour mon dessert. Je veux de la crème glacée!

Maman saisissant l'opportunité: mais de la crème glacée, c'est sucré. Et du sucre, c'est du poison. Tu me l'as dit toi-même ce matin.

Petit monstre réfléchi trois secondes: Non, de la crème glacée c'est bon pour mon petit bedon.

intégrer ou pas

Grand monstre poilu a complètement changé en un an depuis qu'il est dans une classe spéciale avec des curriculums spécifiques à ses problèmes. J'ai mis beaucoup de ces changements sur le passage vers l'adolescence mais, si je suis honnête avec moi-même, il est fort possible que ces changements soient dus à la diminution de la pression sur ses épaules. I

Voici donc mon 5 cents sur le débat on intègre ou pas les enfants en difficultés d'apprentissage.

J'étais contre les classes spéciales. Viscéralement contre. La première fois qu'on m'en a parlé, j'ai réagi de façon épidermique. Pas question. No way José! Sa seule consolation sont ses amis à l'école. La neuropsychologue m'a gentillement fait la remarque: «est-ce que vivre des centaines de petits échecs chaque jour est plus grave ou moins grave que vivre un grand changement en changeant d'école.» Merde. Je savais que je projetais mes bibittes. J'ai déménagé aux trois ans toute ma vie avec tous les changements que cela impliquent: nouveaux amis à se faire, nouvelle école, adaptation, etc.. Cet argument n'a pas tenu longtemps.

Il restait le plus important: une éducation à rabais. Est-ce que la qualité de l'enseignement sera la même dans une classe spéciale? Apprendra-t-il la même chose que ses amis dans des classes régulières? Toujours pas rassuré sur ce point. C'est sûr que ces enfants ont un long chemin à parcourir pour rattraper les autres. Cela fait tellement longtemps qu'ils ne comprennent rien!

Au début de l'année scolaire 2007, il avait la lecture en aversion. J'avais beau donner des récompenses par petits livres lus, cela ne marchait plus. Aujourd'hui, il lit des livres à son frère avant de se coucher.

L'écriture était illisible. Les caractères étaient formés de façon irrégulière, dépassant les lignes. Aujourd'hui, ce n'est pas encore une grande victoire, mais c'est lisible. On espère qu'avec un nouvel ordinateur subventionné par le gouvernement et le logiciel Word Q, cet aversion à l'écriture s'amenuise un peu. L'ordinateur étant toujours plus le fun que le crayon...

En français, ses notes sont maintenant de 80 en lecture et de 70 en écriture.

En mathématique, il est dans le groupe fort de sa classe, mais c'est sa matière forte depuis le début (sauf pour les problèmes écrits qui demande de trouver la bonne formule mathématique...).

Le reste: ils apprennent les sciences, les arts dramatiques comme les autres.

Sera-t-il capable de continuer au secondaire? Oui, dans une classe spéciale. Je l'incris à Vanguard
Va-t-il dans une classe spéciale parce que son éducation a souffert du manque d'exigence, d'une version édulcoré des connaissances nécessaires au primaire? ou bien va-t-il dans une classe spéciale parce que son handicap l'empêche d'apprendre comme les autres? Que ces classes, faites sur mesure pour ses besoins, sont sa meilleure porte de sortie car autrement, il ne vivra que des échecs?

En quatrième année, dans un classe ordinaire, il était dépressif, peu communicatif. Ne levait jamais la main pour répondre. Passait la journée à attendre après le professeur pour une explication supplémentaire.

En cinquième année, dans une classe spéciale, il est bien dans sa peau, plus sûr de lui. Même les gens qui ne le voit pas souvent m'en font la remarque. Il lève la main pour répondre aux questions. Il a le soutien dont il a besoin pour faire ses travaux.

Même si je ne suis pas à l'aise avec les classes spéciales, elles sont LA solution pour Grand monstre poilu. Je crois que c'est une décision qui doit être faite dans le meilleur intérêt de l'enfant et non pas dans le meilleur intérêt des professeurs ou d'une commission scolaire. Je ne crois pas qu'il faille des critères rigides pour déterminer qui y va et qui reste en classe régulière car chaque cas est différent. Il faut se pencher sur chaque dossier, discuter avec des professionnels, avec les parents et avec le principal concerné. Il y a des cas où les bénéfices de rester en classe régulière sont plus importants que la classe spéciale. Et si ce concept dérange les professeurs et leur syndicat... Eh bien, endurez! C'est eux qui compte le plus.

Où va l'argent?

Grand monstre poilu avait une fête la semaine dernière chez une de ses copines de classe. Celle-ci est évidemment dyslexique aussi. Que pensez-vous que des parents avec des enfants en difficulté font en se rencontrant? On parle de nos enfants et du manque de service....

Sa copine avait définitivement un parcours pire encore que mon fils. Ses parents ont pourtant cogné à toutes les portes et demandé de l'aide partout. Ils étaient sur toutes les listes d'attente dont ils connaissaient l'existence, mais rien. Pas d'aide. Jusqu'à ce que la petite manque 56 jours d'école en 4e année. Oups! Là le système a réagit. On a contacté la DPJ. La DPJ a pris la petite sous son aile et a enfin trouvé le soutien dont elle avait besoin. On l'a mis en pédopsychiatrie pendant un certain temps pour sa dépression et pour le diagnostique. Enfin, ses parents savaient pourquoi elle avait des problèmes. Ils ont demandé: «allez-vous pouvoir la suivre et l'aider?» Non, leur a-ton répondu. On ne suit plus les enfants à partir de l'âge de 8 ans. L'âge de leur enfant.

Une chance que la CSDM a ouvert des classes pour eux. Elle est techniquement en 6e année mais ses parents vont demander une dérogation pour qu'elle recommence sa 6e car c'était la première année où elle avait de l'aide spécialisée pour l'école. Elle a besoin de faire du rattrapage avant de passer au secondaire. Encore là, la dérogation ne sera pas du gâteau mais ils ont les profs et la direction de leur bord.

La ministre Courchesne promet de l'aide dit-elle. Elle dit du même souffle que le gouvernement met 1,6 milliards pour des enfants handicapés ou en difficulté d'apprentissage. Je ne sais pas où va l'argent mais ce n'est pas ces enfants qui en bénéficie, je vous en passe un papier.

C'est quoi la différence entre sa copine et lui? L'argent. Nous avions des assurances et des salaires décents. Nous pouvions court-circuiter le système en allant au privé. PAS EUX. C'est cela le système à deux vitesses. Et je trouve cela révoltant.