Ah que la neige a neigé

C'est la fête à mon Grand monstre poilu demain.Je le regarde et je n'arrive pas à me visualiser comment j'ai mis au monde un enfant aussi grand pour ses 11 ans. Je n'arrive pas d'ailleurs à me mettre en tête que je suis mère d'un pré-ado! Je ne l'ai pas vu venir celle-là....les cheveux blancs qui ont commencé à apparaître aurait pourtant dû être un signe.

Le magazine Affaires Plus, auquel je contribue quelques fois, fait une grande réfonte de son magazine en essayant de faire participer le public à travers un blog que l'on peut voir à cette adresse: http://affairesplus.ning.com/. Ils ont une section Ma vie qu'ils remettent en question. Qu'est-ce que vous mettriez vous dans une section «ma vie»? Qu'est qui me préoccupe moi dans ma vie?

La conciliation famille-travail. C'est un concept galvaudé, mis à toutes les sauces et mal servi par quelques chroniqueurs que je ne nommerai pas dans certains magazines ou journaux. C'est quelque chose qui se vit au quotidien. C'est les milliers d'appel que l'on fait pendant les heures de bureau pour trouver des services à ses enfants que ce soit un rendez-vous chez le médecins ou un professionnel prêt à ouvrir un dossier. C'est le regard de son patron qui compatit mais qui aimerait bien que l'on fasse autre chose de temps à autres. C'est le stress que l'on accumule qui finit par débouler dans toutes les autres parties de votre vie. C'est les journées comme aujourd'hui, où l'on doit aller porter les enfants à l'école si on n'a pas de service d'autobus (très fréquent à Montréal), trouvez un stationnement parmi les congères, les accompagner à la porte par sécurité car la neige dépasse leur tête, revenir en courant vers la voiture car on n'est pas bien stationné, repartir vers le bureau, trouver un stationnement et commencer sa journée complètement vannée avant même de s'assoir devant l'ordinateur. Est-ce que cela se transmet dans un reportage?

Dans les pires années de ma conciliation, qui viennent à peine de se terminer (croisons les doigts pour le moment) j'ai eu la chance d'avoir des patrons compréhensifs, mais cela m'a quand même couté un poste intéressant. Je ne pouvais pas donner autant que la personne voulait. J'ai dû changé de tâche. Cela restait intéressant, mais moins prestigieux et avec moins de reconnaissance. Il fallait que j'enlève de la pression et je ne pouvais pas en enlever à la maison. C'est ma carrière qui a écopé.

Je ne suis pas amère, je constate que la conciliation travail famille n'est jamais facile. Qu'il faut être patient. Qu'une opportunité manquée peut revenir quelques temps plus tard d'une autre façon. J'ai attendu longtemps pour avoir un poste intéressant, bien payé et syndiqué. J'ai longtemps été à la pige. Cette sécurité m'a permis de tenir le coup pendant la pire tempête familiale que nous avons vécu jusqu'à maintenant. La tempête m'a amené à quelque part que je ne soupçonnais pas. Je crois qu'elle a fait de moi une meilleure mère. Grand monstre poilu en profite, c'est sûr mais je crois que son petit frère en profite encore plus. Il a une mère qui panique moins.

J'entame maintenant ma quarantième année. Je suis mère d'un pré-ado. Je teste encore jusqu'au où l'élastique de la patience de mes patrons peut se tendre, mais je n'ai plus l'anxiété du début. Je me rend compte que cette anxiété était ma pire ennemie. Je fais la même chose qu'avant, je jongle encore avec les rendez-vous mais j'ai enlevé quelques obligations. J'ai surtout réussi à vaincre mon anxiété. Du coup je respire mieux. Je travaille mieux et j'aime mieux. Est-ce que cela se transmet dans un topo? Est-ce que quelqu'un serait vraiment intéressé à lire cela? Pourtant c'est à cela que ressemble «Ma vie» de professionnelle, c'est à cela que ressemble la vie de bien des femmes avec des enfants. Est-ce que cela intéresse les hommes aussi ?