Il fallait me déchoquer avant d'en bloguer

Je suis mère d'un enfant dyslexique sévère et d'un autre enfant avec un retard de langage. Je ne suis pas défavorisée (eux non plus par conséquent). Ils ne fréquentent pas une école dans un quartier pauvre. Ils ne sont pas sous stimulés. J'ai une assurance qui me permet de pallier au système. JE suis CHANCEUSE. Je le sais. D'autres le sont beaucoup moins. Mais même moi, avec toutes mes connaissances en recherche de service, avec mon bon salaire et le temps que j'y consacre, je dois arriver à l'évidence. Le système doit faire aussi son bout de chemin. Je ne peux pas être dans la classe. Mon pouvoir s'arrête aux marches de l'école.

Il m'a fallu un mois pour décolérer devant la piètre performance de la ministre Courchesne concernant des nouveaux investissements pour les enfants avec des troubles d'apprentissage. Il n'y a rien spécifiquement pour ces enfants-là ou presque dans son plan présenté au début de juin. Ce sont des mesures qui visent à calmer les syndicats d'enseignements et pallier à des années de coupures de postes d'enseignants pour revenir à des niveau acceptables pour tous. Réduire la taille des classes n'est pas un panacée pour les troubles d'apprentissage. Cela sert à TOUS les élèves. Il y a beaucoup d'enfant qui ont simplement de la misère à l'école qui vont en bénéficier et c'est tant mieux pour eux. C'est navrant que ce soit seulement dans des zones ciblées car les autres écoles aussi ont ces besoins.

On va investir dans de la formation pour les professeurs afin qu'ils puissent aider les enfants avec des difficultés majeures. Ok. Mais savez-vous combien de temps cela prendra pour cela, pour faire le tour des profs? En attendant, ils font quoi? Et cela fonctionne pour ceux qui sont diagnostiqués, ceux qui ont des problèmes et qui n'ont pas accès à des ressources pour trouver le bobo?

C'est là que le système à mal. C'est à l'entrée des services. Pour avoir droit aux services il faut un diagnostic. Pour avoir droit au diagnostic, il faut des spécialistes. Il y a un ou deux psychologues par commission scolaires! Cela a pris 4 mois pour que Grand monstre poilu soit vu par un d'entre elles. Elle a fait un rapport qui n'a pas aidé du tout car elle ne pouvait pas passer le temps adéquat au diagnostic. Donc il fallait recommencer le processus. Plus question de compter sur le système car celui-ci avait fait sa performance et on avait droit qu'à cela. Le temps passe rapidement à défaire des fausses pistes pour se retrouver devant rien à la fin de l'année scolaire. Donc système privé à la rescousse, mais combien de parents n'ont pas les moyens d'un rapport neuropsychologique à 1800$?! On ne parle même pas de service une fois qu'on a le diagnostic pour le moment.

Le système est malade mais il est tellement mal en point qu'il essaie de se «patcher» lui-même et oublie de poser des pansements à ses victimes: les enfants.

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